Blâmer l’autre. (La dure réalité de voler dodu.)




Depuis quelques temps, chaque semaine apporte son lot de scandales liés au transport aérien; ce n’était qu’une question de temps avant que le sujet de « voler dodu » y passe. Et maintenant, ça y est. La semaine dernière, un Australien a déposé une poursuite contre American Airlines, les accusant de n’avoir rien fait alors qu’il se disait coincé dans son siège à cause de passagers obèses, forcé de se contorsionner, aggravant ainsi une affection à son dos.

Par où on commence…?
Blâmer l'autre. (La dure réalité de voler dodu.)

Pourquoi pas par la diabolisation des passagers obèses dans les médias ? Si la même situation s’était produite en n’impliquant que des passagers dits « standards », aurait-on jugé nécessaire de spécifier leur taille ? Particulièrement dans le titre ?

Alors que la manchette a été partagée sur le groupe Facebook Air Passengers Rights (Canada), les commentaires ont commencé à défiler. D’ailleurs, je tiens à souligner le travail de Gabor Lukacs, l’administrateur du groupe, qui n’a toléré aucun commentaire faisant état de fat-shaming et y répondant comme l’allié qu’il a été à la cause « voler dodu » à ce jour.

Vous n’êtes pas familier avec le travail de Gabor Lukacs à titre de défenseur des droits des passagers aériens? Jetez un oeil à mes entrevues avec lui !

Vous me connaissez. Je ne me suis pas fait prier de réagir dans les commentaires, car j’avais mon mot à dire dans cette discussion qui me touchait de près.


C’est TA faute. Non, c’est TA faute.

On a tous droit de bénéficier de la totalité de notre siège et de notre espace en avion. Dodu ou mince. Grand ou petit. Le passager corpulent qui « déborde » sur le siège de son voisin ressent le même malaise que la personne qui perd une partie de son précieux espace. Alors on se blâme mutuellement:

Blâmer l'autre. (La dure réalité de voler dodu.)-Ne me reprochez pas de réclamer l’espace qui me revient.

-Ne me reprochez pas d’empiéter accidentellement sur votre siège.

Et j’ai finalement compris. Compris que personne n’a quoi que ce soit à gagner en pointant l’autre du doigt. D’un côté, on nous blâme pour avoir « choisi » d’être gros(se) en adoptant ou maintenant des mauvaises habitudes de vie. Et on accuse les autres de manquer de tolérance, d’ouverture.

Ne vous méprenez pas : le fat-shaming est bien réel. Et c’est mal. Même à des milliers de pieds dans les airs. Ah oui et l’obésité n’est pas un choix, en passant.

Il n’y a rien à gagner pour qui que ce soit dans ces accusations mutuelles.

Qui profite de tout ça alors ?

Les compagnies aériennes.


On est ici devant un cas typique de « diviser pour mieux régner ».

Tant que les passagers de grands poids seront antagonisés, voire diabolisés, on alimentera le jeu du blâme mutuel. Voyez-vous, c’est beaucoup plus difficile de diaboliser les personnes qui sont grandes et qui empiètent sur l’espace des autres. Parce qu’on sait pertinemment que personne ne choisit d’être grand. Et tant que les gens continueront de croire que d’être gros, c’est un choix, on fera de parfaits boucs-émissaires. Et on continuera de nous blâmer de tous les torts du monde.

Intimider les personnes qui souffrent d’obésité ou d’embonpoint demeure une des dernières formes d’intimidation acceptée socialement.

Pendant ce temps, les compagnies aériennes nous regardent nous accuser mutuellement, nous attaquer, nous troller. Beaucoup trop occupés à pourfendre l’autre et/ou à se défendre, on oublie complètement que tout ça, c’est à cause de la taille des sièges d’avions qui rapetisse constamment. Sans ça, on ne serait pas en train de s’entre-déchirer.

Et c’est la faute à qui? Qui nous empile les uns sur les autres, toujours un peu plus serrés, alors que l’on se pointe du doigt entre passagers de toutes les tailles ?

Les compagnies aériennes.


Je vous le demande : quand finirons-nous par nous unir afin de s’attaquer au VRAI problème ?

Avec des alliés comme Gabor Lukacs, on a une chance d’être entendus. Mais il faut être UNIS pour faire le poids (sans vouloir faire de mauvais jeu de mots). Ça, ça veut dire les passagers dodus et les passagers pas dodus. Nous sommes tous des éléments-clés de l’équation.

Et avant même d’espérer nous unir avec succès, il va falloir mettre de côté les préjugés, les jugements, les idées fausses. Il va falloir surmonter…

TOUTES nos idées préconçues sur l’autre.Blâmer l'autre. (La dure réalité de voler dodu.)
CHACUN d’entre nous.
Peu importe de quel côté on se retrouve.

D’ici là, nous continuerons de donner un bon show aux compagnies aériennes.

Et de leurs sièges première classe, leurs présidents continueront de rêver aux millions qui s’empilent… tout droit sortis de nos poches de consommateurs frustrés, mais résignés.

Vous embarquez ? Gabor et moi seront clairement de la partie !


Quelques articles à propos des sièges d’avions qui rapetissent avec les années… (en angl. seul.)




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